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Quel est le programme ce soir ?
9 juillet 2012

Drive

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Drive – Nicolas Winding Refn – 2011

 

Avec : Ryan Gosling, Carey Mulligan, Brian Cranston, Ron Perlman…

Prix de la Mise en Scène – Festival de Cannes 2011 

 

Synopsis : Los Angeles, une voiture, la nuit. Un chauffeur, qui conduit, sur fond de musique électro-pop.
L’ambiance est posée.

Cascadeur  et mécanicien le jour, il aide des braqueurs à exécuter leurs casses une fois le soleil couché, toujours sans mot dire et sans accroc.

Suite à un malheureux concours de circonstances, il va se retrouver mêlé à un violent affrontement de mafieux, et tenter de s’en tirer, lui et sa voisine avec qui il fait peu à peu connaissance.

C’est du déjà vu ? C’est simple ? Oui, mais c’est beau.

 

Ce que j’en pense :

-“What do you do ? »
-« I drive.»

Le scénario est simple, oui. Mais il n’est que prétexte à une atmosphère à la fois sobre et riche, calme et tendue.
On connaissait du travail de Nicolas Winding Refn une œuvre avec pour héros des personnages décalés, mal à l’aise ou incapables de vivre en société (Bronson), pour décor des lieux glauques, où le temps n’existait pas, s’arrêtait pour repartir d’un seul coup dans un violence inouïe (Pusher, et Le Guerrier Silencieux).
Avec Drive, il a parfaitement combiné ces éléments, donnant un film totalement atypique, mais ô combien planant et ennivrant.

De ces ballades nocturnes, on ressent les scènes posées de Collateral, où l’on perdait toute notion d’espace-temps, guidé par un mystêrieux chauffeur.
On se plait à se perdre dans ces longs couloirs bitumés, avec le mutisme de Ryan Gosling, et la bande originale, vrai chef d’œuvre sonore de bout en bout.

Et lorsque le scénario reprend ses droits, le rythme devient expéditif. Le personnage du Driver quitte son calme pour devenir un monstre, et va se débarrasser de manière bestiale de tout ce qui se met en travers de sa quiétude.
La désormais fameuse scène de l’ascenceur en est le parfait exemple : [SPOILER ALERT] le Driver se retrouve dans la cabine avec sa voisine, qui a noué plus qu’une amitié avec lui, et un malfrat à leur poursuite. Au fur et à mesure de leur mouvement, le temps s’étire, la tension monte, jusqu’à ce que les « amants » s’embrassent. Là, le temps se fige, pendant un moment qui semble être une éternité.
Puis, d’un coup, le héros montre son côté sombre : il se retourne, et piétinne leur ennemi jusqu’à dépasser le stade de l’insoutenable, l’action hachée mais rythmée présente quelques secondes paraissant des heures de violence.
Et une fois le massacre terminé, Ryan Gosling redevient celui qu’il était quelques instants auparavant. Calme, mais la beauté est devenue froide et effrayante. Et le regard terrifié de Carey Mulligan en dit long sur la tension entre les deux êtres, mais aussi sur leur triste incompatibilité.

Porté aux nues par ce film, Ryan Gosling montre qu’il faudra compter sur lui dans l’avenir du cinéma. Son charme électrique fait passer nombre d’émotions et de pensées, sans avoir mot à dire.
Ses partenaires gravitant autour de lui sont tous très bons, mais dans le but de faire de lui l’attraction de l’œuvre. C’est le héros. Lui et personne d’autre.

Outre un montage d’apparence chaotique, parfois plat, parfois brutal, la mise en scène joue elle aussi sur les codes du film de genre. Rien n’est laissé au hasard dans cette course pour la survie et pour la vie. Les (rares) scènes de course poursuite n’ont rien à envier à celles de Bullit. On sent l’amour du cinéaste pour le polar urbain des années 70, et la référence y est suffisamment subtile pour ne pas devenir un pompeux hommage.

Seule ombre au tableau cependant : la simplicité de l’intrigue fait parfois décrocher, quand bien même les personnages soient suffisamment travaillés pour nous tenir en haleine jusqu’au déroulement final.

Drive, c’est un peu l’image d’une vie : lorsqu’on cherche un sens à sa vie, à la route que l’on doit prendre, aux choix que l’on fait, et qui auront inévitablement une conséquence sur ce et ceux qui nous entourent.
La violence animale régissant parfois est finalement l’expression de nos pulsions, où l’on abat tout élément perturbateur à notre avancée, à notre chemin. Et tant que la route continue, on roule, imperturbablement.

 

 

17/20

 

 

 

 

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